Agir pour l’environnement avec le télétravail

4 juin 2021

RSETélétravail

La journée mondiale de l’environnement célébrée le 5 juin est l’occasion de sensibiliser à la protection de l’environnement et d’inciter chacun à agir toute l’année. Cette journée nous alerte sur les dangers auxquels notre planète fait face et rappelle à quel point il est important de la protéger. Tous à notre niveau pouvons agir pour la sauvegarder. Réfléchir à notre impact écologique au quotidien et changer nos habitudes pour devenir acteurs du développement durable est un début. En réduisant nos déplacements, le télétravail constitue un levier pour réduire notre empreinte carbone et de manière générale toutes les politiques environnementales des entreprises s’inscrivant dans une démarche globale de Responsabilité Sociétale et Environnementale (RSE). Mais il est possible de maximiser encore leur contribution à la protection de l’environnement. Voici quelques gestes simples à adopter en télétravail.

Journée Mondiale de l'Environnement

L’impact environnemental positif du télétravail sur l’environnement

La réduction des trajets domicile-travail est le principal avantage pour les télétravailleurs. Un jour de télétravail permet en effet de réduire de 69 % le volume des déplacements en journée. Quand on sait que l’élargissement du recours au télétravail pendant le premier confinement a fait chuter de 35 % les émissions de CO2 (1), le bénéfice environnemental résultant de cette pratique professionnelle est évident.

Mais l’impact positif du télétravail sur l’environnement ne s’arrête pas là. En offrant une plus grande flexibilité sur les horaires et une plus grande liberté d’organisation du travail avec davantage de latitude pour les cadres télétravailleurs qui peuvent optimiser leurs heures de départ et d’arrivée, il permet d’étaler les migrations pendulaires et de favoriser la décongestion routière comme celle des transports en commun. Cet avantage s’accroît quand le télétravail s’inscrit dans un cadre de « flex office » (poste de travail flexible) avec les réductions des surfaces immobilières qu’il induit, mais aussi lorsque l’entreprise s’appuie sur des tiers-lieux, le bon compromis proposé aux collaborateurs pour avoir un bureau proche de leur domicile. Dans ce cas de figure, la balance environnementale globale du télétravail augmente de 52 % par jour de télétravail hebdomadaire (chiffres ADEME). En conséquence, le flex office génère un effet rebond positif entre la réduction de l’emprise foncière et la baisse des consommations énergétiques associées au sein de l’entreprise.

Autre avantage incontestable, la dématérialisation des pratiques de l’entreprise corrélative du télétravail. Les organisations interrogées relèvent que les différentes consommations de l’entreprise (papier, encre, fournitures, gobelets, vidéoprojecteurs, etc.) diminuent à proportion que le télétravail et les pratiques associées (zéro papier, outils collaboratifs, etc.) se développent. Ces bénéfices induits par le télétravail devraient se poursuivre dans le temps si l’on se réfère au Baromètre annuel Télétravail 2021 de Malakoff. Dans ses perspectives, il met en avant la forte probabilité d’un recours au travail hybride avec un rééquilibrage à hauteur de 3 jours sur site et 2 jours en distanciel, répartition idéale pour les salariés.

Toute la question est donc de savoir comment penser l’après déconfinement et l’avenir du télétravail. Comment conserver les bénéfices du télétravail dans un contexte de retour en entreprise et comment intégrer le travail à distance ? L’enjeu est fort pour le pérenniser et formaliser ses pratiques, tout comme est décisif celui de concevoir ce format hybride souhaitable pour le futur de notre planète. Un enjeu qui a guidé le collectif Incitu pour élaborer leur référentiel de labellisation sur les bonnes pratiques de télétravail. Par ailleurs, pour maintenir une balance environnementale positive, il faut garder à l’œil certains effets collatéraux susceptibles de l’amoindrir.

Le paradoxe des effets rebonds à surveiller

Incontestablement, le télétravail modifie nos habitudes de vie mais l’impact environnemental qui en résulte peut se révéler ambivalent. En plus d’améliorer la qualité de l’air grâce aux déplacements qu’il évite, il faut souligner que le télétravail occasionne une hausse de la fréquentation des commerces de proximité (43 % contre 27 % pour les non-télétravailleurs), ainsi qu’une réduction du gaspillage alimentaire et un gain de temps au quotidien, profitable pour faire du sport, de cuisiner, manger sainement, d’acheter des produits frais, en vrac et de réduire la consommation d’emballage, mais aussi pour fonctionner davantage avec l’économie circulaire (étude de l’ADEME de 2020(2)).

Toutefois, il est également démontré que ces nouvelles habitudes s’accompagnent de nouveaux déplacements quotidiens souvent effectués en voiture. D’autre part, l’impact favorable sur la décongestion routière lors des migrations pendulaires est minoré par les micro-trajets qui tendent à se multiplier en télétravail pour déposer les enfants à l’école, dépanner un proche, faire les courses ou du shopping… alors qu’ils étaient autrefois mutualisés lors des allers-retours entre la maison et le bureau.

Le deuxième effet rebond à surveiller est celui du poids écologique lié à l’intensification des usages numériques en télétravail. Si ceux-ci présentent de nombreux avantages, leurs impacts environnementaux ne sont pas à sous-estimer. Avec le télétravail, les échanges numériques se multiplient et les réseaux sont très sollicités entre mails inutiles et envoi de pièces jointes plus lourdes, générant consommation d’énergie et émissions de gaz à effet de serre. C’est notable avec l’augmentation de l’usage de la visioconférence dont les flux vidéo sont particulièrement énergivores.

Enfin, au bureau comme en télétravail, les sources de gaspillage et de consommation d’énergie sont variées : informatique, papier, chauffage, climatisation… et ce qui n’est pas consommé au bureau l’est à domicile ! S’il est difficile de modifier radicalement nos façons de travailler, il est possible d’agir pour améliorer notre bilan carbone en adoptant de meilleurs réflexes en télétravail.

Développer la sobriété numérique et les pratiques éco-responsables en télétravail

Certes, le recours au télétravail penche du bon côté de la balance (environnementale), mais il faut savoir qu’il est à l’origine de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Un chiffre qui pourrait doubler d’ici 2025 si l’on en croit les dernières estimations de l’ADEME (janvier 2021). L’alimentation des datacenters et le stockage des données ont des effets nuisibles pour l’environnement, surtout que l’invisibilité de ces structures tend à minimiser leur impact. Pour inverser la tendance, tout est question de comportements et de réflexes à adopter pour limiter sa consommation d’énergie en télétravail et réduire son impact environnemental.
Ainsi, quelques règles élémentaires s’imposent quand on travaille à distance. La première concerne le partage de documents pour lequel il est préférable d’utiliser un serveur local (ou une boîte de partage) plutôt que de diffuser par mail à tous les participants. Une autre règle simple est d’utiliser le Wifi pour son téléphone portable quand on travaille à la maison sachant qu’il consomme 5 à 25 fois moins d’énergie que le réseau 4G. Sans oublier de privilégier le réseau filaire pour son ordinateur et de penser à éteindre complètement son ordinateur pour éviter qu’il ne continue de consommer de l’électricité. Quant aux mails, il est important d’optimiser leur réception et leur envoi en installant un logiciel anti-spams, mais aussi de cibler ses destinataires lors de l’envoi afin de ne pas les multiplier inutilement et d’adapter ses listes régulièrement. Idem, l’usage systématique de la fonction « répondre à tous » en réponse à un envoi collectif est à proscrire. Dans le même ordre d’idées, la création de pièces jointes légères et bien conçues sous la forme de fichiers compressés ou de PDF basse définition, tout comme les documents optimisés (sans blancs ou images inutiles) et éditables par chapitre (pour permettre au destinataire de ne sélectionner que ce qui lui est nécessaire lors de l’impression) est utile pour limiter son bilan carbone. Lorsque des échanges de fichiers lourds sont à effectuer en interne, il est conseillé d’opter pour les espaces de partage de l’entreprise. À l’externe, les sites de dépôt temporaire sont à privilégier : les fichiers ne seront téléchargés que par les destinataires qui le souhaitent et les données seront “nettoyées” après quelques jours. Le stockage de données étant un des postes clés du numérique en matière de consommation d’énergie, il constitue un levier d’importance pour en limiter le poids. C’est pourquoi il est essentiel de ne conserver que ce qui est indispensable en supprimant tous les fichiers et mails inutiles pour alléger l’énergie nécessaire à leur stockage. Parallèlement, mieux vaut stocker et utiliser le maximum de données localement car chaque stockage et consultation de données sur le Cloud engendre des allers-retours entre utilisateurs et serveurs. Ainsi, pour se protéger des utilisations indésirables sans alourdir les datacenters, il est préférable de ne stocker sur le Cloud que ce qui est nécessaire.

Enfin, indépendamment de la sphère numérique, quelques actions spécifiques en télétravail sont efficaces pour maximiser son bilan environnemental. La première est de bien penser à optimiser ses trajets quotidiens en mutualisant au maximum ses déplacements en voiture. Et puis, comme le dit l’adage : “les petits ruisseaux font les grandes rivières”, alors n’oublions pas tous les petits gestes du quotidien pour économiser l’énergie, car une fois accumulés ceux-ci produisent de grands résultats. Par exemple pour imprimer, il importe d’optimiser au mieux l’utilisation du papier et de penser au tri, notamment des cartouches qui peuvent être collectées dans un des 25 000 points existants en grande surface ou en déchèterie.

Agir pour l’environnement en misant sur les bonnes pratiques de télétravail associées à dans le cadre d’une démarche globale RSE

Ces bonnes pratiques pour minimiser notre empreinte écologique sont au cœur des démarches initiées par les organisations en faveur de la RSE (Responsabilité sociétale des entreprises). Car avant de s’imposer comme solution à la crise sanitaire, le télétravail est une réponse à des enjeux sociétaux et environnementaux. Ils concernent principalement l’amélioration des conditions de vie et de travail des collaborateurs, l’évolution des pratiques managériales vers plus de transversalité tout en conservant la performance économique des entreprises et bien entendu les efforts pour réduire notre bilan carbone. La création du label WIWO Work In Work Out, qui valorise les bonnes pratiques des entreprises en matière de déploiement du télétravail, est née de cette réflexion pour faire évoluer le travail vers l’atteinte de ces objectifs.

Ainsi, être labellisé télétravail marque la volonté de l’entreprise qui s’inscrit dans la démarche de développer sa politique RSE en contribuant d’une part à l’amélioration des conditions de vie de ses collaborateurs et d’autre part à la réduction de son empreinte écologique et au réaménagement des territoires. Le label WIWO en valorisant les bonnes pratiques du télétravail est également un outil supplémentaire au désengorgement des zones urbaines denses et de revitalisation des espaces plus reculés en favorisant la relance de l’activité en zone rurale. En réduisant la problématique de l’emploi du tableau, le télétravail offre aux citadins la possibilité d’envisager une vie rurale dans des territoires qui se parent d’une nouvelle attractivité, en s’appuyant notamment sur les espaces de coworking qui fleurissent un peu partout en France et dont le label WIWO recommande l’usage. Avec des bureaux, des accès à Internet ou encore une salle de pause, ceux-ci offrent l’opportunité de rompre la solitude du travail à domicile quelques heures ou quelques jours par semaine et de travailler dans un cadre plus professionnel et sécurisant pour les données. De plus, à l’instar du travail à domicile, le télétravail en tiers-lieux favorise lui aussi l’exode urbain et permet par la même occasion de réduire les problèmes de la ville en matière de pollution de l’air.
Pour engager une politique RSE ou encore l’enrichir, le déploiement du télétravail est par conséquent un atout pour les entreprises qui souhaiteraient faire valoir leurs bonnes pratiques via la labellisation.

Pour celles-ci, il s’agit d’une garantie qui permet de légitimer un déploiement construit et méthodique du télétravail au sein de leur organisation, une garantie qui respecte l’équilibre entre la performance économique de l’entreprise et sa responsabilité sociale et environnementale. La réussite de son déploiement est conditionnée par la capacité de l’entreprise à concilier performance globale et durable, implication des parties prenantes et qualité de vie au travail des collaborateurs. Elle passe par l’engagement dans la transformation des pratiques organisationnelles : réorganisation des activités individuelles et collectives, recours à des espaces de travail alternatifs et aménagement du temps de travail. En bref, tout ce qui contribue à l’équilibre entre performance de l’entreprise et qualité de vie au travail. Un élément crucial quand on connaît les effets positifs de la qualité de vie au travail sur l’environnement. Assurément, avec davantage de temps à consacrer à leur bien-être grâce à des horaires plus flexibles, les collaborateurs enclenchent naturellement des cercles vertueux (économie circulaire, commerces de proximité, etc.). Preuve que le télétravail est un dispositif clé pour apporter des solutions aux problèmes à la fois sociétaux et environnementaux.

(1) Article Ouest-France du 22/11/2020
(2) Etude ADEME de 2020 sur la caractérisation des effets rebond induits par le télétravail

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